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Mémoires de bergers

    On n'ira pas croire que c'est nous-même qui avons écrit tous ces textes. D'une part ce n'est pas notre style, et d'autre part, n'ayant jamais véu dans un chalet, nous n'avons aucune expérience des bergers. Ces textes,  en réalité,  nous ont été fournis par M. Jean Hiersin, de Rougemont, dans le Pays d'Enhaut, longtemps berger à la Vallée de Joux. Ses souvenirs même sont inépuisables de cette longue période où il a couru les chalets, tout d'abord comme berger sur les grands alpages, alors qu'il y avait les équipes nécessaires pour gérer des exploitations où l'on fabriquait encore le fromage, et ensuite seulement, sur la fin de sa carrière professionnelle, avant qu'il ne rentre en son pays où finalement il s'est marié, simple berger sur des alpages à génisses, partie la plus heureuse peut-être de sa vie de montagnard.  
    Ces textes ne sont pas tous bien entendu, du même poids. Certains sont de légères évocations, et le sujet peut être un simple arbre, un minuscule bout de chemin, quelques beaux nuages dans un grand ciel bleu alors que l'homme s'est couché quelques instants dans la mousse pour admirer le temps qui passe, d'autres sont l'expression d'activités de longue durée, on parlera ici de textes de tendance ethnographique.  Mais tous ces écrits se tiennent les uns les autres par un lien commun: l'amour de l'alpage et des chalets. Amour inconditionnel. Celui-ci lui était venu, à M. Jean Hiersin, alors qu'enfant déjà, dès l'âge de 10 ans, voire même 8 ans, ses parents le plaçaient la belle saison  dans les chalets du Pays d'Enhaut. C'est là, et malgré les difficultés du boulot et de l'adaptation au sein d'une équipe, où, en vertu de son âge, on est volontiers le souffre-douleur, qu'il apprit néanmoins à aimer et à respecter ce monde dur et difficile. Il y découvrit aussi ce qu'est l'univers  animal et il put comprendre toute la complexité de celui-ci, alors que des vaches ne sont jamais insensibles à l'intérêt et à l'amitié que vous leur portez, capables à un degré étonnant de comprendre quels sont les hommes bons, et quels sont ceux-là qui n'ont point de coeur, pétris de sentiments vulgaires et primitifs, l'esprit borné, et le coup de baton facile.
    Jean Hiersin a écrit, selon notre dernier recensement, une soixantaine de textes, voire même plus, car d'aucuns sont perdus dans des oeuvres plus vastes. On les reproduira tous petit à petit dans cette nouvelle rubrique. Certes, certains de ces écrits sont déjà connus, qui ont pu paraître dans cette autre rubrique consascrée au chalets et bergers de la Vallée de Joux. Y ayant acquis un numéro, nous ne les retirerons pas. On aura donc ainsi parfois des textes à double. D'autres le seront même à triple, puisqu'ils eurent l'honneur de paraître dans la FAVJ.        
    Qu'à cela ne tienne. Ces évocations méritaient, ce qui ne nous est venu qu'après les premières expériences faites  de la confection d'un site, d'être regroupées en un tout cohérent. Nous ne publierons naturellement pas cette énorme matière d'un bloc, plutôt au fil des jours et du temps. 
    Nous avons longuement interrogé Jean Hiersin sur le pourquoi de tels écrits. Il nous a répondu qu'il ne pouvait pas faire autrement que d'exprimer par la plume sa vie ancienne qui, si elle comporta des passages difficiles, voire désespérants, avait connu des embellies véritablement ensoleillée. Et puis, l'un dans l'autre, il ne voulait pas laisser perdre cette matière qu'il considérait comme essentielle pour la compréhension de notre passé agricole et alpestre. Sans cela, ces choses, elles auraient pu se perdre. Il nous a aussi avoué qu'il était conscient parfois de tourner en rond, mais que cela était sans importance, puisque ses éventuels lecteurs, car il ne fut jamais certain d'en avoir, écrivant dans le fond uniquement pour lui seul, pour sa satisfaction personnelle, étaient totalement libres de le lire ou de l'ignorer. Il n'a jamais considéré d'ailleurs que d'être lu pouvait être un surplus de bonheur, puisque en général, alors qu'un lecteur s'empare de votre prose, vous-même être à mille lieues de se douter qu'il le fait, et que même il s'agit-là d'écrits dont il garde à peine le souvenir. Il y aura donc toujours un décalage fondamental entre celui qui tient la plume, et cet autre qui découvre le fruit de vos réflexions ou de vos divaguations. 
    Voilà, nous croyons avoir tout dit, tout expliqué, des motivations de cet homme qui s'en est retourné chez lui tranquille et apaisé,  et nous ne saurions ici maintenant que lui souhaiter une fin de carrière heureuse en compagnie de cette femme qu'il a découverte et aimée sur le tard. Chose assez particulière, une ancienne camarade d'école. Mais alors, tandis que lui-même jouait les gros durs dans les classes supérieures, elle-même fréquentait la première ou la deuxième année. Et chose assez amusante, c'est qu'à l'époque, il ne se regardaient même pas! A peine s'étaient-ils doutés que l'autre existe ! Beau roman d'amour pour un homme longtemps torturé par sa solitude et même amené à se rapprocher parfois de la bouteillle plus qu'il ne l'aurait du. Mais tout cela est de l'histoire ancienne. Il vit maintenant d'une nouvelle vie. Plus équilibrée dans tous les cas, et chose admirable, malgré son âge aujourd'hui déjà avancé, parfaitement sereine.     
    Nous parlions de la FAVJ. Certains de ces textes, fournis par nous-même à cet honorable journal, y ont paru. Formule qui semble sur le point de périr par elle-même, Jean Hiersin nous ayant avoué que si dans le fond il écrivait quand même pour être lu, dans la réalité il  lui répugnait de plus en plus d'être exposé.  Il nous a avoué combien il lui semblait douloureux parfois que ses secrets, c'est-à-dire ses pensées si personnelles et si particulières quant ce qu'il peut ressentir par rapport à la nature, par exemple, soient étalés dans un journal, aimés peut-être, méprisés parfois, et combien de plus en plus il lui répugnait de voir sa prose ainsi jugée par tout un chacun. Raison pour laquelle il nous a signalé qu'à l'avenir il préférait la formune internet où il lui apparaît que ses modestes réflexions peuvent se mélanger à la masse énorme des informations fournies par ce moyen, et par conséquent de s'y mélanger, au point même que l'on pourrait bien ne plus y retrouver sa trace. Et c'est tant mieux. 
    Ces raisons nous obligent donc  à repenser le mode de faire actuel et de ne plus désormais accorder de l'importance qu'à ce site, dédaignant désormais toute autre formule. Un site même qui pourrait disparaître d'un jour à l'autre suivant l'humeur de notre correspondant qui, à le fréquenter depuis quelques années déjà maintenant, nous donne à croire qu'il est capable du pire dans le sens d'un coup de tête possible à tout moment à ce sujet. Avec pour conséquence, la clôture définitive de ce site! Point final et qu'on n'en parle plus. Jamais ! 

1. Le berger et les carrousels
2. Ce que fait le vieux berger à la descente des troupeaux.
3. Ce sera au début de l'hiver.
4. C'est maintenant qu'il lui faut mourir, au vieux berger...
5. Chez David Lugrin
6. Ils prennent le chemin de la montagne.
7. Le berger contemple son chalet.
8. Jour de montée I.
9. Jour de montée II.
10. Journée de montée III.
11. Allons nous asseoir à la table de la cuisine.
12. Le grand repos de nos chalets d'alpage sous les neiges du Jura.
13. J'ai vu le soleil se lever sur le pâturage.
14. Mon père joue de la musique à bouche.
15. Le grand troupeau
16. Le vieil arbre.
17. Le vieux chemin.
18. Retour au chalet - premier chant -
19. Retour au chalet - deuxième chant -.
20. Un autre chemin.
21. Une première visite au chalet.
22. Une chambre de chalet où le temps reste comme emprisonné.