Là-haut, au chalet, la porte d’entrée était située à bise et sur laquelle on pouvait lire le poétique nom de Cernys. Elle donnait aussitôt sur la cuisine toujours un peu tiède encore de la grande flambée du matin, alors qu’on avait fait le fromage. Tandis que maintenant c’était le repos. Ce qui retenait le plus dans cette pièce aussi sombre qu’une grotte, c’était le creux de feu[1] dont les deux portes de fer avaient été en partie refermées. Et dans le creux y brulait encore des bûches de sapin. Peut-être qu’on avait voulu, sorti d’une sieste que l’on avait faite en haut dans les deux chambres qu’il y a, recevoir dignement les visiteurs du dimanche, comme aussi ne pas laisser trop tôt se refroidir cette cuisine si vite humide de par l’absence de feu et si peu accueillante désormais. D’ailleurs le creux de feu, c’était là où l’on entretenait le seul foyer du chalet. C’était le lieu central, la vie même. Sans feu, tout s’éteignait de cette vie simple pour vous faire retrouver l’obscurité et le froid. Il sentait la fumée émanant des bûches pétillantes, du sapin très sec coupé en bouts d’un tiers de mètre et que l’on avait pris sur la têche devant le chalet. Il sentait la résine du bois. Il pétillait allègrement. Et puis il percevait aussitôt, très forte, l’odeur de l’écurie dont la porte primitive s’ouvrait au fond de la cuisine, droit à côté de l’escalier dont on apercevait la cage contre laquelle étaient pendus à des crochets de bois faits avec des branches, on le voyait par ceux restés inemployés, des habits divers et ces chapeaux et capets de berger et la poche à sel. Et dans les trous faits dans la planche oblique de cette paroi, on découvrait les tabourets à un pied que l’on sert pour traire et qu’ici l’on appelle botte-cul, simplement. On ne les passe autour de la basse taille avec une ceinture de cuir qui durera une vie.
[1] Certains disent le creux du feu.