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17. Le vieux chemin.

Publié le 21 juin 2013 dans Mémoires de bergers

Un vieux chemin quelque part sur nos pâturages.

    Il se glisse sous les arbres, couvert de mousse et de feuilles. Il disparaît presque. Sur lui,  dans les bords, non encore en son milieu, il y faut le temps, ont poussé quelques arbres. Il réapparaît soudain, sa trace maintenant plus  visible.  Il va à plat, il descend, il tourne. Le chemin est vert des mousses, brun des feuilles. Et puis soudain, est-ce possible, le voilà coupé d’un mur de pierre. Et celui-ci paraît plus vieux encore que le chemin lui-même. Et plus encore que celui-ci, il est mangé par la mousse, démonté par places. Il y a donc si longtemps qu’on l’a fait ? Il y a plus longtemps encore que l’on a façonné le chemin. Et celui-ci, pourquoi ne pas l’avoir gardé tel, romantique sous les arbres ? Un chemin pour rêver. Aux vieux temps plus qu’aux temps d’aujourd’hui où la poésie semble morte. Je vois dans le ciel courir la trace d’argent de dix avions pour le moins, dans le bleu du ciel à peine assombri parce que déjà le soir descend. C’est plus haut que les plus hauts arbres. C’est au-delà de beaucoup d’espace et cela ne me regarderait pas s’il n’y avait pas cette trace plus blanche qu’argentée, si je n’entendais pas ce bruit sourd et lointain qu’ils font. Et je trouve parfois ce bruit si fort, quand l’un passe droit au-dessus de nous, que j’en suis gêné. Ainsi plus jamais nous ne goûterons au silence, le recueillement total dès lors ne sera plus possible.