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3. Ce sera au début de l'hiver.

Publié le 21 juin 2013 dans Mémoires de bergers

Le chalet des Combes, à l'altitude maximale du parcours.

    Ici l’air est plus léger, la lumière plus vive. Tu n’y connais plus le temps. La faim est faible, la soif passagère. Seuls comptent tes mouvements. Et à chacun que tu fais, tu te rapproches de ton but. Tu  vis. Mais ce que tu ressens va au-delà de l’ordinaire. C’est cette joie profonde de sentir que son corps fonctionne, que le cœur est bon, c’est cette ivresse proprement merveilleuse de découvrir l’harmonie parfaite de ce paysage immuable de forêts et de pâturages, avec un chalet parfois au haut d’un crêt, sa large cheminée et son grand toit. On fait ici en vérité réserve de vie. On s’en gorge pour plus tard, quand l’on sera rentré et que ce soufflé de bonheur se sera effondré sur lui-même. Mais jamais pitoyable.   
  Nous nous sommes arrêtés à la petite cabane qu’il y a à côté de la piste. Nous avons causé avec les hôtes d’une heure. Nous avons signé le livre pour bientôt repartir. Alors voilà, c’est ici la grande descente du Pré de l’Haut, combe d’où émane une beauté mystérieuse que je ne me m’explique pas. Quelle est l’essence de ce charme en des lieux si isolés ? Et puis bientôt, après une nouvelle et dernière montée, voilà  la descente tout autant rapide sur le col du Mollendruz où l’on viendra nous rechercher.