C'est que la journée sera belle.
J’ai vu le soleil se lever sur le pâturage. Parce que c’était l’automne déjà et que lorsque j’arrivai au chalet, vers les sept heures, on ne trouvait guère encore que la nuit. En plus, ce matin-là, un brouillard épais noyait les forêts et les clairières. Et quand je fus sur le chemin avec mon engin chantant, l’antique vélomoteur de mon père, le phare n’éclairait pas à deux pas, même, il striait le brouillard qu’on eut dit compact de grandes bandes lumineuses s’y perdant sans signaler le chemin à venir. Où je n’avais plus que ses deux traces parallèles pour m’orienter. Quelle purée quand même ! Etrangement je m’y trouvais bien, comme protégé du reste du monde. Et je traversai le tout, irréel, pour bientôt retrouver le chalet au mur duquel j’appuyai le guidon de mon engin.
Je décôtai la porte, j’ouvris pour rentrer aussitôt dans la vieille cuisine où les choses demeurent à leur place. Hors saison, ici, il ne vient personne. Et ce que vous posez sur la table, dans un mois, au printemps, vous l’y retrouvez.