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20. Un autre chemin.

Publié le 21 juin 2013 dans Mémoires de bergers

Qu'importe les lieux, qu'importe la saison, et même qu'importe le temps, pourvu qu'il y ait l'ambiance!

    Assurément celui-ci je ne le fréquente qu’une fois par année. Et toujours à l’automne. Comme s’il ne pouvait pas m’appeler en une autre saison, qu’il ne voulait être là que pour me distiller sa monotonie subtile et poignante.     J’aime l’odeur des feuilles mortes qu’alors l’on y brasse, me pénétrer de ces senteurs fortes et acides si aptes à te faire rêver. Ce sont-là des joies étranges.    
    Alors je redescends du chalet pour m’en aller sur le village. C’est un autre de ces chemins que personne ne fréquente plus. Celui-ci toutefois n’est coupé d’aucun vieux mur. Il va son chemin. Il ne s’arrête nulle part, il prend sous les arbres, il contourne des zones rocheuses, il s’ouvre sur de petites clairières, il joint des paysages modestes que tu traverses en un rien de temps. Juste est-il parfois entravé par quelques branches que personne n’aurait ramassées, par un tronc tombé l’hiver passé, souvenez-vous, ces coups de vent terribles qui avaient couché les arbres par mille et par cents.     
    Le chemin aujourd’hui est vierge de toute trace. Il va, non pas en ligne droite, mais avec une fantaisie désarmante. Il se dirige vers le sud, il va même à l’ouest tout à coup, et puis il revient dans le sens de ta descente. Est-ce simplement la pente, la facilité du terrain, veut-il bientôt se faire parallèle avec un vieux mur auquel il voudrait faire la conservation, afin que l’on soit moins seul ?