Le site exceptionnel d'Averara
Nous étions allés visiter ce village étrange perdu dans les montagnes. Non autrefois où passaient par lui les longues caravanes qui devaient traverser les Alpes. Aussi en avait-on fait un point de chute et de départ, avec des commerces nombreux où l’on trafique les produits venus de la plaine par d’autres caravanes. Les constructions, en conséquence, s’étaient modifiées. On avait fait entre autre cette immense et magnifique bâtisse, possédée par plusieurs, sous laquelle courait la route sur près de cent mètres. Il y avait là, à l’abri, les pavés sur le sol mais avec deux longues bandes de pierre mises parallèles pour que les chars puissent mieux aller. Il y avait ces grosses poutres au plafond, devenues superbes avec le temps. Au-dessus étaient des chambres et des cuisines. On y vivait tandis qu’au-dessous une population laborieuse allait et venait. On entendait le bruit des chars quand l’on mangeait. Et ce grand bruit de roue à cercle sur la pierre ne se taisait qu’à la nuit. Les portes des maisons donnaient sur le passage couvert. On entrait et venait sans cesse. Il y avait des caves dont les portes donnaient elles aussi sur la ruelle, des arrière-cours où s’entassaient des marchandises. Et des couloirs, et des escaliers par lesquels on va aux étages qui sont eux aussi occupés. On voyait par place des voûtes, c’était magnifique, avec des inscriptions sur les crépis. En latin ou en italien, elles exprimaient la sagesse de l’époque. De beaux dessins de fantaisie les encadraient, mais le tout harmonieux et qui retient et qui fait ce que l’on appelle des chefs d’œuvres. Et plus encore la façade, immense, avec un crépi blanc, à l’extérieur du passage, avec ses multiples fenêtres que l’on a décorées sur leur pourtour, avec pour certaines aussi des grilles en fer forgé, du tout beau travail. Quelle merveille. C’était le luxe, la fortune, l’argent que l’on brasse, les grandes familles d’ici qui se sont enrichies, l’avenir. La solidité. L’éternité. Qu’on croyait.