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43. L'écurie

Publié le 02 décembre 2024 dans Chroniques bergamasques

Par la porte toujours ouverte l'été, je voyais la vieille citerne et le début d'une barrière de bois...

    que l'on avait mise en place pour que les rares habitants du village n'aillent pas tomber dans le petit champ qu'il y a juste au-dessous, 1 petit mètre de chute quand même.

    J'aimais aller dans cette écurie. C'était devenu mon refuge. Avec l'âge on a d'autres valeur. Et celles que l'on possède, on les cultive. A fond. Ce sont elles qui nous soutiennent, qui nous font aller, qui nous réjouissent. Elles sont simples, élémentaires, fondamentales. Personne peut-être d'autre que nous même n'auraient pu les développer de cette manière. A quoi cela tient-il ? A une enfance laitière et paysanne sans doute. Que l'on tente de retrouver par tous les moyens. Une ambiance que l'on avait intégrée jusqu'au plus profond de soi-même. Le désir d'en faire aujourd'hui une composante de ce peu de vie qui nous reste. Pessimiste ? Non pas, réaliste. On ne souhaite pas quitter cela, cet ensemble, ce tout. On le devra. On nous obligera. Dieu là-haut veille et pressera sur le bouton qui commande le rappel quand il le voudra. Nous ne seront plus que spectateur de ce grand retour décidé par un autre.

    On est assis sur la barre d'attache, en bois naturellement, et en quelque sorte, et c'est cela qui compte, on est bien. On voit passer les derniers habitants de ce petit hameau qui a perdu son agriculture il y a très exactement quatre ans et qu'elle ne retrouvera jamais. C'est pour cela qu'on l'a fixée par cette petite écurie que l'on peut visiter. Que je visite. Où je m'arrête. Où je suis bien.