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90. Walter Meyer, forgeron des Charbonnières (1905-1990)

Publié le 09 octobre 2011 dans Les grandes figures combières d'autrefois

Entre l'enclume et le feu de forge, c'est là que véritablement le village vivait...

    Il fut un temps où la forge constituait le coeur du village. C'est là en effet que pouvaient se retrouver tous les paysans du coin alors qu'ils avaient un outil à faire réparer, ou un char à remettre en état. On ne s'y découvrait certes pas tous ensemble, mais on prenait le temps de s'arrêter, de discuter la moindre avec un maréchal dont la parole et le jugement n'étaient pas à contester, et surtout à le regarder travailler ses fers rougis au feu de forge.
    C'était toujours fascinant. C'était la forge de vulcain. Le retour aux valeurs primitives. Et puis ces odeurs. Et ces bruits, quand le gros marteau vous cogne le métal sur l'enclume qui chante. Il est nécessaire de se souvenir, vraiment, de cette fameuse chanson, que l'on n'entendra peut-être plus jamais. Et cela vous sert le coeur.
    Et il y avait aussi ici ces chevaux que l'on amenait pour les faire referrer, quand ils avaient assez tracé sur le bitume des rues du village, ou sur les chemins de pierre. Meyer, pour cette activité, était incontestablement un grand maître. Il faut savoir qu'il avait été mobilisé en France lors de la dernière guerre et qu'on l'avait justement affecté au ferrage des chevaux. Points de secrets en ce domaine. Et des chevaux pas toujours faciles, je vous l'assure. Fallait voir. Un coup de pied, c'est vite parti. Et ça fait mal. Et parfois même, ça tue. Terrible.
    On restait à distance. Mais on n'en avait pas moins les yeux grands ouverts pour nous régaler de ce spectacle.
    Un monde. Mais hélas, une fois de plus, un monde disparu, tout au moins en ce qui concerne notre agriculture. Vroomm vroomm, voilà ce qu'on entend. Et curieusement, on peut aussi aimer les bruits d'un tracteur, et même apprécier, ce qui surprendra plus encore, la délicieuse odeur du mazout quand on le met en marche et qu'il fume comme un beau diable. Pollution. Il est des moments comme ça, dans la vie, où l'on s'en fout!
    Mais revenons à notre père Meyer, et retrouvons-le dans ses oeuvres. Une fois de plus. Une fois encore.