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7. De l'enseignement mutuel dans la commune du Chenit (1820-1842).

Publié le 02 novembre 2013 dans Les écoles et l'enseignement à la Vallée de Joux.

L'enseignement mutuel selon Lancaster, 1818.

    La commune du Chenit, la seule de la Vallée, preuve qu'elle était décidée à tout mettre en oeuvre pour tenter d'améliorer son niveau scolaire, se lança elle aussi, à l'instar de certaines grandes communes du bord du Léman, dans l'aventure de l'enseignement mutuel. 
    Enseignement mutuel, cette formule ne dira plus rien à personne. Il s'agit en fait de procéder par cascades. C'est-à-dire que le maître enseigne la matière donnée aux élèves les plus doués qui vont s'improviser maître à leur tour en prenant des moins doués ou des élèves qui ne tiennent pas à jouer ce rôle directorial, sous leur aile pour leur enseigner à leur tour la matière qu'ils avaient pu assimiler. Cette méthode avait ses avantages et ses défauts. L'avantage incontestable pour les communes, c'était qu'un seul maître pouvait avoir sous sa responsabilité une grande quantité d'enfants, donc que l'enseignement, à titre des salaires versés, était beaucoup moins coûteux. 
    L'enseignement mutuel nécessita cependant la réorganisation complète de toute la texture scolaire de la commune. C'est un peu comme si l'on était reparti à zéro. Avec bien entendu transformation des bâtiments pour accueillir des classes beaucoup plus grandes qui pourraient accueillir des dizaines et des dizaines d'élèves, voire la centaine et plus. En cas d'indiscipline générale, on imagine le chambard que cela pouvait créer. Le maître principal certes surveillait, mais était-il à même de maintenir une telle armée d'enfants pas tous très intéressés par le devoir d'apprendre. 
    L'enseignement mutuel dans la commune du Chenit, on découvrira tous les détails de cette mise en place dans les extraordinaires documents qui vont suivre, tous tirés des Archives de la dite commune, devait néanmoins durer quelque vingt ans. Tirant un bilan fort mitigé de cette manière d'enseigner, on en allait revenir aux classes traditionnelles, et surtout avec un corps enseignant de beaucoup plus important. Il fallut à nouveau aussi modifier fondamentalement les collèges. Ce qui, dans le fond, allait occasionner  beaucoup de frais. On passait d'un système à l'autre, pour que le premier, assez rapidement, disparaisse dans le puits sans fond des âges! 
    Quoiqu'il en soit le système d'enseignement mutuel Lancaster était une révolution absolue dans la manière d'enseigner, et il fut bon, et même que cela apparaît comme très étonnant, que la commune du Chenit, en son temps,ait fait cette fabuleuse expérience.