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61. Mais laissez-nous donc vivre!

Publié le 27 mars 2024 dans Instants d'humanité

La semaine de la femme, du 26 juin 1937, 3ème plat.

    Ces journaux féminins anciens sont souvent des merveilles. La mode, l'élégance, un monde de rêve en quelque sorte. Car il est évident que la vie de la plupart des femmes de l'époque n'était pas aussi lumineuse que ces journaux-là voulaient le faire croire. Oui, ils vendent du rêve. Toilettes élégantes, tailles fines, coiffures à la mode, légèreté de l'être, cigarette tenue au bout des doigts d'une manière très raffinée, etc...

    Le collectionneur pourrait trouver plus que son bonheur à collectionner de telles revues. Certes celles-ci figurent dans les bibliothèques cantonales ou nationales, mais cela ne comble pas ce besoin de posséder. Non seulement des livres. Mais aussi des hebdomadaires, et d'autant plus "alléchants" quand ils sont féminins. Notons encore  que ce type de publication, avec l'arrivée de la couleur, prend un tout autre aspect. Fini le pur noir et blanc, ou le chamoisé. Désormais, et même si ce n'est encore que pour quelques pages, la couleur donne un plus incontestable à ces imprimés. Le rêve en est d'autant plus renforcé.

    Laissez-nous vivre, pourraient dire ces beautés. Savent-elles qu'en politique le climat s'allourdit, prend mauvaise allure, travaille les consciences, torture déjà les êtres les plus sensibles qui voient arriver la catastrophe. Peut-être que oui, peut-être que non. Elles préfèrent le rêve à la réalité. Elles s'amusent d'allumer une clope de temps à autre, puisque désormais non seulement c'est permis, mais aussi que ça vous donne un genre.

    Tout cela à propos d'une simple revue, et en plus, celle-ci, Dieu sait où elle a traîné depuis cette année 1937, avec une couverture très abimée, comme rongée par le temps. Ce temps d'avant-guerre pour certains ou certaines encore léger mais qui, quelque part, sent déjà le roussi.