Le grand et fabuleux troupeau, était rassemblé à la Praz pour bientôt emprunter le col du Mollendruz, traverser le village du Pont puis celui des Charbonnières, cette dernière localité placée de manière idéale au carrefour des alpages, avec surtout le départ de la route de Mouthe qui conduit aux pâturages français du Risoud.
On choisissait une heure tardive pour ne pas trop gêner la circulation. Cette mouvance incroyable, était un spectacle sublime, tellement impressionnant même qu'il vous donnait, soit la chair de poule, soit les larmes aux yeux. Oui, à le voir passer, si vous aviez un peu de cette sensibilité que vous aviez accumulée, non seulement en une vie, mais en deux ou trois générations, ou plus, vous auriez pu vous vider de toutes les larmes de votre corps, de celles qui étaient là depuis si longtemps et qui n'attendaient que ça pour remonter au grand jour!
En vérité, vous n'auriez manqué ce passage pour rien au monde. Et là, au bord de la route ou de la place, vous regrettiez de n'être pas parmi ces bergers si beaux et si fiers dans leur habits brodés, dans leurs belles chemises. Et vous les enviez surtout d'être accompagnés par des filles apparues soudain d'une beauté fulgurante et d'un attrait incomparable. C'était là la vie, tandis que vous, spectateur, vous n'en étiez que dans les franges les plus insignifiantes.
En vérité, le grand troupeau, ce n'est pas du passé. C'est l'affaire de chaque année. Et vous pourrez le voir si vous venez à la Vallée, du côté du Pont ou des Charbonnières, à la fin de ce si joli mois de mai.
Formidable!
Un seul regret, que désormais il n'y ait plus Goudron pour assurer, tant il fut impressionnant, presque à lui seul une partie du spectacle!