Dans la région des Baraques, proche de la frontière, au coeur du Risoux français.
C’était l’époque de la guerre d’Autriche. Notre malheureux pays, ruiné par les désastres de la période helvétique, se débattait en vain sous le joug de Napoléon qui, après avoir doublé en 1805 les droits d’entrée en France, interdit en 1806 l’importation des cotonnades suisses. Ces mesures aggravèrent la crise dont souffraient nos industries et ouvrit naturellement une ère de contrebande intense. On payait jusqu’à 15 francs suisses pour passer une charge dans le Val de Miège. C’était une aubaine pour les paysans et les artisans de la Vallée dont les gains étaient infimes et qui ne résistaient pas à la perspective de gagner souvent en une seule nuit une somme qui leur paraissait énorme. En outre les guerres continuelles avaient abaissé la moralité publique. Les habitudes de violence contractées dans les camps déteignaient, et cette influence se faisait surtout sentir dans les régions frontières où la surveillance s’exerçait difficilement. Les carnets des forestiers de cette époque sont remplis de rapports sur des vols de bois commis par nos voisins de France.