Les vahinés chères à Loti.
Que voilà un ouvrage volupteux qui ne vous donnerait plus qu'une seule idée, rejoindre l'île merveilleuse et y passer le reste de sa vie.
Mais on le sait, il y a loin du rêve à la réalité. C'est pourquoi, dans le fond, il vaut mieux garder le rêve et bannir la réalité.
Ce que n'avait pas tout à fait accompli Julien Viaud, de son nom d'auteur Loti, qui passa tout de même quelques semaines à Tahiti, court séjour dont pourtant il allait retenir de nombreux éléments pour composer son grand poème. Car il ne s'agit que de cela, dans ce livre où l'invention est la clé de sa composition. On a vu ceci ou cela, on a fréquenté telle ou telle fille, la plupart du temps des prostituées, et à partir de ces éléments, on imagine un univers magique où l'homme a enfin trouvé son port d'attache.
Ainsi le Mariage de Loti est-il un livre superbe, non pour les informations qu'il pourrait vous donner sur la Polynésie française, mais pour son langage voluptueux, prose exceptionnelle d'un auteur affublé de maints défauts, dont celui de ne jamais voir dans les non européen que des demi-sauvages, pour ne pas dire des sauvages tout court, mais doté par contre d'une plume qui reste l'une des plus belle de la littérature française.
