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33. Le jeune fruitier du Val de Joux, par Madame la baronne de Montolieu, 1818.

Publié le 06 avril 2012 dans Contes et récits de notre pays de Joux

Ici, ailleurs, c'est tout pareil quand il s'agit d'alpage...

    Madame de Montolieu à la Vallée de Joux  

   Cette romancière vaudoise, qu’un plaisantin qualifia irrévérencieusement de « vache littéraire », fit preuve d’une activité débordante. Nous lui devons non moins de 105 volumes. La plupart, il est vrai, sont des traductions ou plutôt des adaptations de romans étrangers, arrangés, voire déformés avec désinvolture. Les événements extraordinaires y abondent. Les personnages, par trop vertueux, héroïques et phraseurs, en deviennent agaçants.   
 
Comment expliquer, dans ces conditions, que Madame de Montolieu ait joui d’une vogue incroyable, qui en fit, dit M. Virgile Rossel, la reine momentanée de notre littérature locale ? C’est que l’étalage de sentiments, dont notre auteur abusait, répondait au gout de l’époque.
  
 
Le public toutefois finit par se raviser ; l’étoile de « l’écrivassière sentimentale » pâlit de son vivant déjà. Aujourd’hui, on ne connait d’elle que ses « Châteaux Suisses », réédités à une époque récente, en dépit de leur peinture d’un moyen-âge de fantaisie. Les âmes tendres versent encore des pleurs sur les quatre belles prisonnières imaginaires des Tours de Vufflens
. Les dernières productions d’Isabelle de Montolieu demeurèrent en portefeuille. Un étranger, ami de la famille, obtint l’autorisation de les traduire en allemand. La nouvelle, intitulée: « Der Kucher aus dem Joux-Thale », est du nombre. Peut-être ne paraitra-il pas déplacé de tirer cette idylle larmoyante de l’oubli. En retraduisant, on a jugé bon de supprimer quelques longueurs ou vaines redites.    
   
Le « Vacher de la Vallée de Joux » est, à ma connaissance, la première en date des nouvelles dont les péripéties se déroulent dans notre haut vallon. Les descriptions témoignent d’une certaine connaissance des lieux. L’auteur fit certainement l’ascension de la Dent de Vaulion au début du siècle passé. Peut-être séjourna-t-il quelque temps à la pointe nord du lac de Joux.
   
    Madame de Montolieu (1751-1832), était née Polier et bourgeoise de Lausanne. L’une de ses cousines avait ourdi une intrigue amoureuse avec un Combier de « petite estrace », le cocher de son père. Des raisons de famille mirent fin à la liaison. Ce dénouement dut impressionner le futur auteur des « Châteaux Suisses » alors âgé d’une dizaine d’années. Il ne parait point exclu qu’Isabelle de Montolieu ait voulu nous offrir, dans son « Vacher », une transposition voilée de l’aventure sentimentale de sa parente.                                                                                                 A. P.