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33. Il est plus que temps d'arracher les pommes de terre.

Publié le 18 février 2015 dans Vie quotidienne à la Vallée de Joux

Deux "bizus" du Séchey sont en train d'arracher les pommes de terre aux Plats de ce nom.

    Peut-être n'y a-t-il plus un seul champ de pommes de terre à la Vallée. Tandis qu'autrefois, et ce n'est pas si loin, il y a, disons, cinquante ans à peu près, la majorité des domaines gardaient précieusement une ou deux parcelles où l'on plantait tour à tour des pommes de terre et des céréales.      Certaines zones à cet égard étaient meilleures que d'autres. Dans le cadre de la commune du Lieu, on voyait souvent des pommes de terre aux Plats du Séchey, entre ce dernier village et Les Charbonnières. Et il arrivait que les doryphores y fassent des ravages terribles. Souvenez-vous de ces petites bestioles jaune avec des raies noires  qui, quand vous les écrasez entre deux doigt, vous font une bouillie jaunâtre qui sent très fort... le doryphore! Ce pouvait être plus ou moins la fin de vos illusions, tout au moins pour la saison en cours. 
    Pomme de terre, ca veut dire aussi ces sacs de jute que l'on remplit avec les précieux turbecules que l'on a sorti de terre au croc. Et là, il fallait un fameux coup de main et un oeil exercé pour ne pas trop les piquer, soit les blesser, ou encore les esquinter,  et les rendre bientôt juste bonnes à nourrir les cochons. C'est qu'au contraire il les fallait intactes afin qu'elles puissent nourrir la famille une bonne partie de l'hiver. Elles reposeraient désormais dans une cave adéquate,  retenues dans un casier fait de perches et de planches, avec un sol de terre battue et peu de lumière. Au printemps, elles germeraient pour vous liver ces grandes tiges blanches qui vous intriguent tant. Ainsi ce bizarre prolongement se nourrirait de la matière contenue dans cette pomme... de terre. La nature reste toujours impressionnante.  
    Des röstis aux pommes de terre de la montagne, qui, naturellement, sont bien meilleures que celles de la plaine qui poussent trop vite, mais c'est formidable. Rajoutez-y un vacherin et vous aurez atteint les sommets de votre existence de gastronome! 
    Et puis vint un temps où l'on ne pouvait plus, sur le plan de la rentabiltié, cconcurrencer les pommes de terre de plaine que l'on produisait par cent milliers de tonnes avec des machines de plus en plus perfectionnées. On baissa les bras. Feues nos bonnes pommes de terre de montagne. On mangerait désormais celles de la plaine qui poussent dans une terre plus profonde que l'on enrichissait désormais avec des engras venus on ne sait pas trop où, peut-être de l'autre bout du monde. 
    Et ces coutumes liées aux pommes de terre, elles ont disparu. Alors, il est grand temps de nous souvenir de ces époques pas si lointaines où nous aussi cultivions ce précieux tubercule. Des ouvrages savants vous donneront des chiffres, des statistiques, et surtout vous livreront peut-être ce jour dernier où les champs ne virent plus aucune patatte. Resaient quand même les jardins, pour de petits repas de derrière les fagots qui gardaient tout leur charme, et surtout toutes les saveurs d'antan.