Oui, quand on emprunte le chemin qui va sur le versant le plus ignoré de la région, une pente d'une raiseur qui n'en a fait que des lieux de pâture, et que l'on voit tout soudain les montagnes se dresser en face, presque effrayantes, on a l'impression d'être dans un autre pas. En Amérique du sud par exemple, au Pérou.
Mais on n'est qu'ici, avec nos montagnes qui, dans la région, ne sauraient dépasser deux mille mètres, et puis encore, pour quelques rares pics ou sommités. Région donc de moyenne montagne. On y voit pourtant de la neige en hiver. Tout cela étincelle.
Le chemin, il va derrière la colline. En des lieux vraiment écartés. Et on y est vite, depuis le hameau, deux cent mètres, et même moins, et tu y es déjà, sur ton chemin. Que tu connais si bien. Chaque pierre, chaque virage, chaque plat, et au bord chaque arbre.
Là-bas, à mi-hauteur de l'immense pente, il y a la source. Elle donnait fort autrefois. Ils ont canalisé l'eau, ce n'est plus qu'un petit filet. Ils ont fait ainsi d'ailleurs avec toutes les sources. Il ne reste pratiquement plus rien pour la nature. A peine ici ou là un rien de ruisseau qui glougloute encore. Pour les bêtes sauvages.
Un chemin sur lequel, à coup sûr, tu peux réfléchir à l'homme et à ce qu'il fait ou fera de sa destinée.