Ce put être celui-là, de chalet...
Chose étrange, il disait mon chalet, alors qu'en réalité ce n'était que celui de la commune. Mais quand on a fait 55 ans sur un alpage, il est vrai que l'on peut considérer une bâtisse où l'on a passé, vous disiez, 6600 nuits, à peu près, comme la sienne. Idem pour un pâturage que l'on connait jusqu'à la dernière motte de terre, jusqu'au plus petit caillou.
Et l'homme qui est là est triste, et bien qu'il ait remis son chalet depuis une bonne dizaine d'années maintenant. Car quand il retourne à "son" chalet, pour retrouver un peu de l'ambiance d'autrefois, et qu'il s'assied sur le banc qu'il y a là, devant, il revoit son passé et les belles journées qu'il a vécu là. Certes, c'est la vie, on oublie les peines pour ne plus se souvenir que du bon d'une existence ou d'un métier. C'est l'éternelle illusion qui vous permet une fois ou l'autre de jeter un regard satisfait sur la destinée que vous laissez derrière vous et alors même que ce qu'il y a devant, ce n'est plus qu'un mince fil qui peut casser d'un jour à l'autre.
Oui, l'éternelle illusion, qu'il se disait, celle-là même qui souvent se rappelle à toi pour te demander ce que tu as fait de ta vie, et si ça valait vraiment la peine d'en passer par là!