Ce qu'on voit dans les vitrines de Bergamo.
L’immensité des murs de soutien de l’ancienne ville vous surprend et vous fait imaginer ces décennies qu’il a fallu pour les monter, mais aussi auparavant pour tailler les pierres quelque part dans les carrières de la région. Ils furent ainsi des centaines voire des milliers, qui taillaient la pierre, qui la charriaient, qui l’entassaient. Mais tout autant qui remuaient le terrain. Ils étaient là, sous la pluie ou sous le soleil, à suffoquer l’été, car alors la pierre est chaude, presque brûlante. Ils construisaient, ils participaient à l’édification d’une grande œuvre. Mais pour qui, pour quoi ? Le savaient-ils eux-mêmes ? En histoire on parle des maîtres vénitiens, si loin géographiquement, et pourtant si proches dans leur volonté absolue. Ce sont eux les maîtres et qui commandent. Ainsi non seulement ils possèdent une ville parmi les plus belles du monde sur laquelle quelques familles règnent sans partage, mais en plus ils veulent, par souci de ravitaillement de tous ordres et par sensibilité aux axes d’acheminement essentiels, posséder des terres, et même des régions entières, sur le continent, et par conséquent viennent jusqu’ici, au pied des Alpes, déjà bien loin de chez eux où ils restent insulaires et navigateurs et dont le tempérament de leurs administrés presque montagnards, refermés sur eux-mêmes plutôt qu’ouverts au monde ainsi qu’ils le sont quant à eux, les intriguent. Ils ne sont pas sur la même ligne. Ils diffèrent totalement. Ils ne se comprennent pas, d’où ces tensions incessantes.