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23. Venise, premier chant - Voir Venise -

Publié le 07 février 2012 dans Voyages

Des rues discrètes où l'on ne se marche pas sur les pieds!

    Les boutiques se suivent dans les rues étroites. Pont du Rialto. On fait des photos. On verra à l’arrière-plan le Grand Canal dans sa splendeur et les bâtisses des deux bords, certaines admirables, véritables palais à l’architecture complexe et fine. Habités, vivants, entretenus avec soin, ou vieux bâtiments moribonds dont l’histoire arrive en son terme ? On s’interroge sur l’état général de cette ville. Et l’on poursuit pour remarquer encore qu’elle est vraiment décrépite, vivant de son glorieux passé dans un présent mou où trop d’argent circule sans qu’il ne fructifie avec profit pour la cité. Des bâtisses usées, en bout de course, aucun chantier visible. On use et abuse. On laisse aller. Le présent suffit. Les briques apparaissent dans les façades lépreuses. La terre cuite cependant résiste bien à l’usure. Car si les crépis ne tiennent plus, par contre les briques défient quant à elles le temps. Simple impression ? Elles furent là il y a deux ou trois siècles, quel âge peut-on leur donner, elles y seront encore dans cinquante ou cent ans, plus peut-on prédire ? Des mille millions de briques de terre cuite de mêmes dimensions, toutes. Où pouvait-on les fabriquer et les cuire, sur terre ferme ? Les quantités de bois utilisées pour cet usage devaient être énormes, les forêts des alentours peut-être n’avaient pas suffi. Et puis bientôt par quelles routes les menait-on au bord de la mer, et puis bientôt sur quels bateaux les chargerait-on pour leur faire passer la lagune ? Ainsi une activité énorme se cache derrière l’existence passée et présente de ces palais et simples maisons. Car il faudrait parler encore des tuiles, de ces romaines étonnantes que l’on voit sur tous les toits. Probablement de même terre et de même origine. Des millions de tuiles pour couvrir l’entier d’une ville que l’on n’entretient plus guère. Mais peut-être qu’aujourd’hui le commerce est-il entre les mains de familles nouvelles, tandis que les anciennes, aristocratiques, lentement se désagrègent, ruinées, et que leurs splendeurs passées se diluent pour s’en aller se perdre à jamais. Où ? Dans ces arrière-cours du monde d’où tu ne reviens pas !