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228. Le chalet des 100 poses, au coeur du Risoud.

Publié le 01 septembre 2013 dans Alpages, chalets et bergers de la Vallée de Joux et environs

Un élément architectural du chalet des 100 poses resté en place, une bornatz, soit ici une petite fenêtre de l'ancienne chambre à lait.

    Parler de "au coeur du Risoud", est peut-être une expression un peu usurpée, puisque ce chalet, sur la carte fédérale qu 1: 25 000 Le Sentier, se trouve pratiquement à l'angle "Roche Bernard". Mais sa situation au milieu des forêts où ne demeurent plus aucune clairière, permettrait de le croire. 
    On aura quitté un chemin quelconque de cette immense zone de forêt  pour  joindre le chalet des 100 poses à pied, traversant une région tourmentée où l'on peine à croire qu'elle ait pu servir de pâture. Mais à l'époque la rage des défricheurs, des amodieurs, des voleurs de bois, venus souvent de la région française proche - il n'y avait plus alors qu'à jeter les bois du haut de la falaise - était telle que l'on était capable de venir à bout de n'importe quelle futaie. 
    La constitution du chalet des 100 poses résulte d'un compromis imposé par Berne. Vous abandonnez - il s'agit de la commune du Chenit - tous vos petits pâturages de cette région, avec démolition des bâtisses qui s'y trouvent, et en contre-partie, on vous laisse construire, ou reconstruire, un chalet de plus grandes dimensions et vous avez le droit de défricher la zone. Ce qui fut. 
    Mais le pâturage nouvellement créé était-il trop éloigné, moins bon qu'on avait pu le croire, toujours est-il qu'il fut assez rapidement abandonné. Reste aujourd'hui, alors que la forêt a regagné tout l'espace, les ruines d'un beau et grand chalet capable d'accueillir plus de cinquante vaches. On décéle encore la place de l'écurie, très vaste, celle aussi des locaux de service, la cuisine, la chambre à lait et la cave à fromage. 
    Tout cela se signale ainsi au coeur de la forêt et vous fait comprendre qu'il fut des temps où celle-ci, en bien des endroits, n'offrait pas le même aspect qu'aujourd'hui. L'histoire est écrite sur le terrain.