C'était le 20 juin de l'an 2000
Ce fut un énorme sinistre. En un rien de temps, à peine plus d'une heure, tout fut consommé. Ce fut même si rapide que les habitants n'eurent que le temps de sortir de la bâtisse et d'être à leur tour spectateurs de cette épouvante. Le mobilier, les toiles de l'artiste qui passait ses week-end en ces lieux, tout disparaîtrait. Il ne resterait rien.
Alors que ce triple bâtiment, il y avait l'Epine-dessus de vent, l'Epine-dessus du centre, et l'Epine-dessus de bise, avait vu l'existence de dizaines de ressortissants qui iraient porter loin le nom de Rochat. Alors même que le père du soussigné y était né lui aussi. Que de souvenirs. Heureusement, quelques archives resteraient en notre possession qui nous permettraient en tous temps de raconter ce que fut la vie en ces lieux. Difficile, parce que sans grandes commodités. La question de l'eau potable surtout, parce qu'elle était rare, ne trouvait pas de solution.
L'Epine-dessus. On aimait à s'y rendre, voir encore le vieux néveau de l'Epine-dessus de bise, l'un des rares qui restait au village. On se souvenait alors de tout ce petit monde qui habitait ici depuis pas loin d'un demi-millénaire. Certes, la bâtisse avait passé par tous les stades, toutes les formes. On avait agrandi, rehaussé, ouvert de nouvelles fenêtres. Mais restait une ambiance. L'ambiance des temps passés, quand c'étaient les grandes familles nanties d'une vie stable attachée à la terre comme un couteau planté sur une planche.
C'était même ici un monde. Et il avait disapru ce tragique jour de juin de l'an 2000.