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1. La maîtrise des horlogers de la Vallée de Joux (1749-1776) par le Juge Nicole.

Publié le 07 octobre 2012 dans Histoire économique de la Vallée de Joux

Le premier historique de la Vallée de Joux, oeuvre du Juge Jacques-David Nicole, écrite en 1784, publiée en 1840. Du béton!

    Le Juge Nicole est un témoin privilégié de notre horlogerie à deux titres au moins.
    Premièrement sa vie (1723-1794) recoupe de manière assez précise toute l'existence de notre horlogerie au XVIIIe siècle.
    Secondement, chose beaucoup plus importante encore, il fut lui-même secrétaire de la maîtrise des horlogers qui tint ses assises de 1749 à 1776. A ce titre il rédigea les procès-verbaux du début à la fin. Sa belle écriture remplit de cette manière un fort volume, propriété actuelle du musée de l'Ecole Technique, pièce rare s'il en est et Ô combien précieuse, puisqu'elle établit la liste de tous les horlogers de l'époque ayant adhéré à la dite maîtrise, c'est-à-dire devenus professionnels.
    Ce qu'il faut admirer aussi, dans cet écrit du Juge Nicole, pendant en quelque sorte de son historique, c'est qu'il prit la peine, au début de son registre, de relater de manière précise comment l'horlogerie commença dans notre haute combe, avec naturellement les premiers pas faits par Samuel-Olivier Meylan.
    Plus tard, en 1784, lors de la rédaction de son historique sur la Vallée de Joux, le Juge Nicole compulsa très certainement de manière attentive le registre qu'il avait autrefois rédigé, peut-être restait-il par ailleurs en sa possession, et établit un résumé de l'histoire de la dite maîtrise. Ce texte occupe les pages 423 à 432 de son historique. C'est là assurément une matière d'une solidité à toute épreuve sur laquelle on peut s'appuyer sans hésitation.
    Relevons ici que l'on a toujours dit grand mal de la maîtrise. Que le Juge Nicole, personnage d'une probité à toute épreuve, ait été secrétaire de celle-ci, prouve que nous n'avons pas là affaire là à une organisation dont le but serait de nuire à la population combière. Les bases en fait étaient sérieuses, qui exigeaient que l'on se forme, demandant ainsi le passage des apprentis chez les maîtres. Cela correspond aux buts d'une école professionnelle. La maîtrise avait donc en cet objectif au moins, des vues excellentes, et même modernes.
   Mais peut-être que le temps de formation était-il trop long pour la majorité des habitants qui tenaient à entrer en possession d'un métier rapidement. Et puis aussi, partout dans le canton, là où il y avait de telles corporations, les exigences se faisaient plus lâches. En fait tout s'effritait de ces nobles buts, si bien que nos Combiers, pressés autant que les autres de trouver un gagne-pain qui puiisse les affranchir de la modestie des revenus agricoles, menèrent à leur tour grand train pour faire supprimer la maîtrise. Ils y arrivèrent. Elle fut ainsi abrogée en 1776.
    Son aspect positif avait aussi été jugé tel par le Juge Nicole qui s'en explique dans ces quelques pages indispensables à qui veut comprendre comment naquit notre horlogerie.