Après quatre ans de guerre, partout des feux du 1er août illuminent le sommet des montagnes.
Là-haut, nous sommes une poignée, amis de la montagne, venus d'en bas, bergers des environs, et de notre mieux nous chantons quelques-uns de nos bons vieux choeurs patriotiques, qui, à cette heure, en ces lieux, revêtent une importance toute particulière. Tout de même, s'il s'était trouvé là une vraie phalange de chanteurs, l'instant eut été sublime. Deux ou trois bergers disent encore chacun la sienne, c'est-à-dire la bonne vieille chanson du temps jadis que l'on entend toujours avec plaisir.
Mais tout est devenu sombre. Des feux ont disparu, d'autres rougeoient plus vivement dans le noir de la nuit; direction Côte du Rocheray, une flambée magnifique troue le noir de la nuit et plus près, vers les Grands-Crêts, une claire lueur révèle le feu des amis B. Le nôtre faiblit et s'abime en un tas de braises. Le moment du départ est là; donc nous prenons congé des amis M. du chalet de Yens et en route pour redescendre... dans le noir.
S.A.