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1736. Gabriel Seigneux de Correvon passe à la Vallée.

Publié le 01 janvier 2014 dans Les riches heures du passé combier

Gravure du début du XIXe siècle. Dubois. Environ Golisse-Rocheray.

    Voilà assurément notre premier touriste, tout au moins le premier non seulement à visiter notre Vallée, mais à décrire de manière attentive ce qu'il a vu.    
    Gabriel Seigneux de Correvon (1695-1775), de Lausanne, était un magistrat éclairé du XVIIIe siècle, avec un fort penchant pour la vie littéraire. Son récit s'inscrit dans le style de l'époque, où la prose non seulement est fleurie, mais où on l'entrelarde de jolis poèmes, de ceux qui nous font sourire aujourd'hui par tant de naïveté.    
    Pourtant, ignorez ces quelques morceaux de bravoure, et vous aurez un texte descriptif concernant notre région plein de charme, mais surtout plein de révélations originales.    
    Correvon passe à la Vallée avant même que l'horlogerie fine y ait pris pied. Il s'arrête plus longuement qu'ailleurs au Sentier et y rencontre un petit peuple industrieux et plein d'imagination. L'homme chez qui il loge, notamment, est un modèle du genre: il peut être barbier à l'occasion, il a forgé lui-même ses rasoirs, il a encore fabriqué ses fusils et en plus il est l'auteur de la pendule que l'on trouve en ces lieux. C'est ce qu'on appelle un polyvalent.    
    Constructeur de pendule, voilà qui devrait nous faire revenir à la famille Golay qui s'était spécialisée dans le genre et qui devait s'activiter dans ce domaine bien particulier de la mesure du temps tout le siècle.    
    La pendulerie à la Vallée, a donc précédé l'horlogerie fine. Et cette activité pouvait être pratiquée par diverses personnes,  puisque plus loin notre auteur parle de plusieurs horlogers. Outre chez son barbier d'hôte, il s'était encore rendu chez le premier de ce lieu ayant  introduit la lapidairerie qui avait connu une diffusion rapide avec certains de ces professionnels gagnant grassement leur vie. Ce premier lapidaire ne pouvait qu'être Joseph Guignard, qui avait été effectuer son apprentissage en compagnie de son frère Benjamin dans le Pays de Gex, et cela dans les années vingt et non comme on le lit et on le répète depuis des demi-siècles en 1712, alors qu'il n'était encore à l'époque que dans la première enfance.     
    Correvon se rendra aussi à l'autre bout de la Vallée pour aller visiter les industries de Bonport qui le fascinèrent.    
    Son récit est un modèle du genre, extrêmement précieux par les indications historiques qu'il nous donne. Il a connu deux éditions en 1737, et de nombreuses au XXe siècle. Il est devenu ce qu'on appelle un incontournable.