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12. Sénancour encore et toujours parmi nous - 1833 -.

Publié le 26 décembre 2012 dans Le Ranz des vaches, comme Ils l'ont aimé...

Etienne Pivert de Sénancour (1770-1746).

    Imaginez une plaine d'une eau limpide et blanche. elle est vaste, mais circonscrite; sa forme oblongue et un peu circulaire se prolonge vers le couchant d'hiver. Des sommets élevés, des chaînes majestueuses la ferment de trois côtés. Vous êtes assis sur la pente de la montagne, au-dessus de la grève du nord, que les flots quittent et recouvrent. Des rochers perpendicualires sont derrière vous; ils montent jusqu'à la région des nues: le triste vent du pôle n'a jamais soufflé sur cette rive heureuse. A votre gauche, les montagnes s'ouvrent, une vallée tranquille s'étend dans leurs profondeurs, un torrent descend des cimes neigeuses qui la ferment; et quand le soleil du matin paraît entre leurs dents glacées, sur les brouillards, quand des voix de la montagne indiquent les chalets, au-dessus des prés encore dans l'ombre, c'est le réveil d'une terre primitive, c'est un monument de nos destinées méconnues! 

    Dans Obermann, tome premier, Librairie Avel Lecoux, 1833, p. 260.

    Une prose superbe, peut-être même inégalée. Nous sommes toujours dans le courant naturaliste instauré par Rousseau.