La fenêtre de la chambre à Nono au Pré d'Etoy
Un chalet là-haut. Un de plus ? Pas du tout. Le chalet par excellence. Par son long passé. Par le témoignage qu'il offre encore aujourd'hui par sa présence solide d'une épopée alpestre d'un demi-millénaire.
Un chalet où aura passé un nombre incalculable de bergers qui tous, assurément, n'y auront pas trouvé leur bonheur. C'est que la vie y était dure, avec peut-être pas une minute pour regarder le paysage, ou seulement pour les râbleurs - à ne pas confondre avec râleurs! - quand ils s'en vont mener la bouse sur le pâturage avec le tombereau.
On retrouvera cette épopée en ces derniers feux dans l'ouvrage magistral que Paul Hugger a consacré à la vie à l'alpage, Le Jura vaudois, paru à 24 Heures en 1975. Un classique.
Les documents sur le Pré d'Etoy heureusement sont nombreux, qui font de ce chalet le plus connu historiquement de nos contrées, quelque part à mettre en parallèle avec les alpages des Chaumilles de la commune du Chenit sur lesquels la documentation est de même très importante.
Montagne rachetée le 24 avril 1760 par la commune de l'Abbaye au Seigneur de Bournens avec lequel, quelques décennies plus tôt, on avait eu plein de misères, à tel point que la chose devait donner lieu à un fameux procès. Nous sommes vers 1730.
Le rachat du Pré d'Etoy, qui comprenait aussi la Racine, mit ainsi fin à de méchantes querelles que l'on entretenait pourtant presque avec plaisir au sujet de ces "fichus" droits de bochérage dont la défense faite bec et ongles coûta des fortunes incroyables à nos communes. C'est que le bois, à l'époque, était vital. Sans bois tu crèves. D'où cette rage à vouloir défendre la moindre perche prise par un particulier d'une commune de plaine, tandis que nos Combiers ne se faisaient pas faute d'aller se servir à profusion quand la lune était pleine!
Le Pré d'Etoy et son histoire, un monde, dont vous ne trouverez ici qu'une timide approche.