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11. Rimbaud dans le Lagarde et Michard, édition de 1967.

Publié le 16 février 2012 dans Littérature

Arthur Rimbaud, extrait d'un tableau de 1872 de Henri Fantin-Latour.

  Souvenir, souvenir… Notre prof de français était un individu singulièrement abject, dont l’essentiel des cours se passait pour lui à jouer aux échecs avec les filles. Et quand il se mettait un tant soit peu à l’ouvrage, c’était pour nous dire qu’il aimait celui-ci, celui-là, mais que par contre il honnissait ces autres. Dans le corbeillon des réprouvés figurait Rousseau qu’il ne pouvait vraiment pas sentir, et cela sans qu’il nous en ait vraiment donné les raisons. C’était probablement un conflit d’homme à homme, une répulsion consciente ou non, pour un auteur qui s’était dévoilé sans pudeur, selon ses dires.
      
Et s’il ne pouvait pas le sentir, pas de nécessité d’en parler. Point final. 
Il est à présumer que Rimbaud, dont fort heureusement il ne nous parla jamais, figurait dans la même charrette.   
   
Ouf, on l’avait échappé belle, moi en premier, qui ne verrait jamais ainsi  jeté le discrédit « scolaire », et il n’y a pas pire que cela, sur un auteur dont l’œuvre m’offre aujourd’hui des joies qui ne sont nulle part entachées  de ces vieilles vicissitudes d’autrefois.  
   
   
Mais oublions cet être non pas sans talent ni sans intelligence, mais jaloux des autres, et dont le seul but en venant donner ses cours était de gagner sa croûte, rien d’autre. Un raté de luxe, alcoolique de surcroît, démoralisant pour ceux qui se laissaient prendre au piège de sa philosophie réductrice, et dont la fin, il serait inouï qu’il vive encore, ne dut pas être particulièrement heureuse. L’intellectualisme dévoyé est décidemment ce qu'il y a peut-être de pire.