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10. Ils arrivent...

Publié le 05 janvier 2019 dans Chroniques bergamasques

Au XIXe siècle, nos travailleurs venus du sud, comme on les appelait, logèrent probablement dans des baraques. Au XXe ils pouvaient occuper ces maisons que l'on délaissait, comme ici l'ancien hôpital du Lieu.

    Qui donc ? Mais nos travailleurs étrangers. Et cela, dans la commune du Lieu, surtout dès après le sinistre qui devait détruire la moitié du village du Lieu en 1858. Il y eut ensuite la grande route de la commune à reconstruire, celle de Mouthe,  d'autres sinistres à la suite desquels il faudrait tout remettre en place, et tous ces autres bâtiments à construire en une époque où la vie change et où la modernisation fait son oeuvre. Les habitants de la région, tous à leurs ateliers, n'auraient en aucun cas pu mettre sur pied tant de bâtiments, ni construire ou reconstruire les routes. Et ni bien sûr mettre en place les lignes de chemin de fer qui devaient relier la Vallée au reste du monde, comme on le dit parfois, et à tort, puisqu'il y avait longtemps que l'on se déplaçait à qui mieux mieux par nos cols et avec les engins de l'époque.
    Ces travailleurs étrangers furent en premier des Francs-Comtois ou des Savoyards. Puis ils furent rapidement remplacés par des Piémontais qui vinrent en un nombre incroyable construire ce qu'il y avait à mettre en place. Les Bergamasques arrivèrent bientôt pour compléter les équipes mais sans être jamais supérieurs en nombre aux Piémontais situés à des distances inférieures. Et à l'époque, cela compte, alors que les moyens de locomotion, mis à part le chemin de fer, ne sont pas des plus aisés.
    Bref, à la Vallée comme ailleurs en Suisse, la vie changeait. Le pays se transformait. On creusait, on élargissait, on construisait. La population locale était dans l'impossibilité de mener à bien tous ces travaux. D'autres venus d'ailleurs s'en chargèrent à leur place. Et parfois dans des conditions très limites, cela chacun le sait, et surtout en ce qui concerne le percement des tunnels ferroviaires où les accidents étaient nombreux, avec à la clé des décès par dizaines. 
    Ce fut-là une grande épopée qui a quelques heures de gloire et beaucoup de sombres.  La Vallée n'y fut pas étrangère. Les traces de cette présence formidable de ceux-là qui sont venus d'ailleurs,  se lit encore dans les listages concernant notre population où apparaissent ces noms de là-bas qui parfois sont devenus des noms d'ici!