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108. Les monteurs de boîtes à vacherin à domicile.

Publié le 24 mars 2015 dans Professions et métiers à la Vallée de Joux dans les temps anciens.

Doret, fabricant de bateaux l'été, fabricant et monteur de boîtes en hiver.

    C'était évidemment un métier d'appoint, qui convenait parfaitement à la gente paysanne ayant du temps de libre après le gouvernage du matin et avant celui du soir, alors qu'il fait un temps à ne pas mettre un cloueur de boîte dehors! 
    On se tient d'ordinaire dans la vieille cuisine. On cloue fonds et couvercles puis on assemble le tout et avec les boîtes ainsi formées, on fait des belles piles de dix sur la table, pour mieux pouvoir les compter. Et ensuite, toutes ces boîtes, on les met dans de grands sacs de papier que l'on ira livrer chez l'affineur. L'affineur, qui semblait en ses temps de gloire si solide, si fier de lui, invulnérable, et qui a pourtant disparu du paysage fromager de notre haute combe. Simplement remplacé par le laitier-affineur, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. 
    Mais que cela n'interfère pas sur ce passé où il y a d'un côté les affineurs, et de l'autre ceux qui clouent les boîtes en leur bonne vieille cuisine chaude. Et le nombre de boîtes que l'on a faites de la journée, on le note sur un petit carton. Et à la fin du mois cela fera tant de boîtes. Et à la fin de la saison, cela fera encore plus de boîtes, des milliers de boîtes, et même des dizaines de milliers. Ainsi va donc l'hiver, par chez nous. On affine et l'on cloue. Et ensuite l'on expédie ces vacherins revêtus de leur "robe de fête", diront une nouvelle fois les journalistes, à travers tout le pays, et même parfois en France, où  demeurent de bons clients de cette précieuse marchandise même qu'ils fabriquent et affinent aussi eux-mêmes. 
    Ah! clouer, il y en a qui savent ce que cela veut dire. Petit marteau, petits clous que l'on tient délicatement entre le pouce et l'index, et petits coups que l'on donne ensuite pour faire pénétrer la pointe dans le bois. Entendez-vous le bruit que ça fait. Tac, tac, tac. Et voilà une boîte de montée, à nouveau. Et le nombre de boîtes que l'on a clouées, c'est aussi un peu le temps qui passe... sur votre cuisine... sur ce bel hiver... sur votre vie de cloueur de boîte!