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107. Les fabricants de boîtes à vacherin.

Publié le 24 mars 2015 dans Professions et métiers à la Vallée de Joux dans les temps anciens.

Targeur et targeuse pour des pliures impeccables.

    Pour la production combière de vacherin, dès 1865-1866, ce furent d'abord les frères Carrez de Mouthe qui alimentèrent la société de fromagerie des Charbonnières en boîtes à vacherin. Puis d'aucuns s'essayèrent avec succès à cette nouvelle industrie. Et enfin, au XXe siècle, quand les ventes de vacherin progressaient encore, et de quelle manière, ce furent les scieries qui se mirent à fabriquer la fourniture nécessaire au montage des boîtes qui se ferait longtemps à domicile. 
    Cette fourniture comprend le fond, le couvercle et les deux pliures, l'une large, pour le fond, l'autre étroite, pour le couvercle. Et tout cela cloué, bientôt agraphé, vous pouvez mettre le couvercle sur le fond et le tour est joué, vous avez ce qu'on appelle une boîte à vacherin, joli objet qui contiendra le fromage, à point, délicieux, à votre goût, ou au contraire décevant au possible, avec une pâte plus dure que le bois du Risoud avec laquelle on venait de faire son "habit de fête", comme disent les journalistes. 
    C'était,  pour ces scieries, une grosse production. Les fabricants de boîtes furent nombreux. Il y en eut ainsi aux Charbonnières, au Lieu, à l'Abbaye, aux Piguet-Dessous et en d'autres lieux du Chenit. C'était une belle industrie. Et la boîte, véritablement, quand elle est bien fabriquée et superbement montée, quand vous la montez ainsi devant vous pour la contempler, elle s'offre dans une certaine splendeur. Il faut dire que pour ce qui est des pliures tout au moins, on ne rechigne pas sur la qualité. Il faut là un bois de fente, parfait, dans lequel la targeuse - terme français - pourra soulever ces merveilleux copeaux qui sont tout autant de pliures qui, sitôt prélevées sur le plot mis en place, s'enroulent un peu sur elles-mêmes. On en fera des paquets de cent qui auront toujours cette forme en demi-arc de cercle, le tout livré au monteur avec le reste qui clouera ses boîtes à domicile. 
   Tout cela un petit monde. Mais riche néanmoins des produits du bois, des odeurs du bois, et du geste des hommes et des femmes qui se livrent à ce petit métier que l'on va mieux retrouver dans le prochain chapitre.