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104. Des ingénieurs et des gardes-forestiers.

Publié le 23 mars 2015 dans Professions et métiers à la Vallée de Joux dans les temps anciens.

L'homme à la casquette, Bordon du Séchey, soit Charles-Louis Rochat municipal.

    Les rois de la forêt, ce sont certainement les bûcherons qui y passent le plus de temps. Mais ceux-ci ont néanmoins à se conformer aux ordres de ces différentes personnalités que sont les gardes-forestiers, les municipaux et les ingénieurs forestiers. 
    On rencontre ceux-ci lorsqu'il s'agit de marquer. Marquer, c'est faire une entaille à la hache dans l'écorce, des deux côtés de l'arbre qui sera bientôt abattu afin qu'on puisse la voir d'où qu'on vienne.  Des plantes mûres, disent-ils, c'est-à-dire dont la croissance est à peu près achevée et qui ne pourront plus guère progresser, ni en hauteur ni en volume. Faire de la lumière, disent-ils encore, afin que le jeune puisse croître plus à son aise. Nous avons donc affaire ici à une forêt jardinée. On passe en général dans un lot tous les dix ans. 
    Et tout cela est soigneusement noté, dans un carnet autrefois, sur mini-ordinateur de nos jours. De telle manière que le garde vous livrera en fin d'exercice le volume exact de tous les arbres que vous aurez à abattre. Il y en a des beaux, de ces belles fustes qui montent droit contre le ciel, et il y a ces rachitiques atteint par quelque sécheresse, des fayards trop branchus qui prennent toute la lumière, des bostrychés, bref, cette deuxième qualité que l'on appelle châblis en terme de métier. 
    Aller marquer, ce doit être, autant pour le municipal que pour le garde et les bûcherons qui parfois accompagnent, un bon moment au terme duquel il arrive, mais non, il se doit, de boire un verre. Et la coupe, si elle est pour la commune, en des temps anciens, elle rapportait une bonne petite poignée que l'on utiliserait généreusement pour l'entretien des bâtiments dont le propre est de sans cesse se dégrader. De l'argent à la pelle, vite dépensé, et donc cette forêt que l'on jardine, une source de revenus appréciable. Presque miraculeuse, quand on compare ces époques à la nôtre où la valeur du bois oscille plutôt du côté d'en bas que d'en haut. Mondialisation oblige! Ce qui se traduit par l'importation des multiples produits du bois. 
    La trace de ces passages au coeur de nos forêts, histoire non pas seulement de marquer, mais aussi de se rendre compte de leur état, que l'on espère toujours bon, est inscrite quelque part dans nos archives. Mais malheureusement les images de tous ces hommes sont bien rares. Car nul, en général, n'avait d'appareil de photo, et nul non plus se trouvait dans la nécessité de fixer d'une manière tangible ces moments vécus comme une douce éternité!