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76. La Bourse des Pauvres de la commune du Lieu (XVIIe au XXe siècle).

Publié le 07 octobre 2012 dans Sociétés

Gustave Doré illustrait avec un talent rare la misère du monde.

    La destruction des archives du Lieu (en 1691) empêche d'établir à quelle date la Confrérie fit place à la Bourse des pauvres. Ce dut être avant 1646. Dès cette date, la Bourse des pauvres du Chenit se trouva posséder une somme rondelette qui devait provenir d'un partage des biens des confrères.

                                                                 Auguste Piguet, Le Lieu II, p. 206

    Rectifions le tir. La Bourse des pauvres du Lieu, née probablement à l'époque indiquée par le professeur Piguet, ne remplaça pas la Confrérie, mais vécut en parallèle avec elle, tout au moins jusqu'au début du XVIIIe siècle où la Confrérie disparaît.
    La Bourse des pauvres de la commune du  Lieu, comme toutes ses consoeurs de la Vallée, et même de tous les villages de la commune, car chacun, si modeste soit-il, en eut une, eut un rôle éminément utile en un temps où l'assistance publique n'existait pas et où les communes avaient à s'occuper de tous leurs ressortissants pauvres, où qu'ils soient établis dans le canton. Ses moyens étaient naturellement assez faible, son chiffre d'affaire voisinant les 500 florins annuels pendant des décennies. Que faire avec une telle somme alors que tellement de monde frappe à votre porte ? C'est la raison pour laquelle, surtout pour les cas "lourds", la commune se substituait à la Bourse des pauvres et prenait en charge telle ou telle personne, en particulier les filles mères, et surtout celles qui "récidivaient" et que l'on finissait par déférer devant le Consistoire suprême de Berne.
    Bourse des pauvres, cela sous-entend tout un pan de nos anciennes misères. Dépouiller ces registres, c'est retrouver une vie qui n'avait rien à voir avec le bon vieux temps.
    On découvrira combien d'estropiés, combien de malades, surtout dans les périodes d'épidémie où nos prédécesseurs, les enfants surtout, mouraient en nombre, à tel point que le fossoyeur n'arrivait plus à suivre. Un tel épisode est révélé au début du XVIIIe siècle. Il s'agissait sans aucun doute d'une épidémie de petite vérole ou de variole.
    Bref, avec cette étude, on plonge dans la vie vraie d'autrefois. Ces quelques pages, qui pourraient ultérieurement être suivies par d'autres, en révèlent les difficultés.