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50. Un colporteur à la langue de velours

Publié le 28 décembre 2011 dans Pour une histoire du vacherin Mont d'Or pas plus triste qu'il ne le faut!

Maurice Quillet en tournée du côté de Payerne

    Maurice Quillet de Missy, régent défroqué, revendeur, dut être ravi, alors même qu'il était affublé d'un sobriquet déjà flatteur "Mozart" de se voir traité de la sorte dans un article retraçant les hauts faits de sa carrière.
    C'était l'un de ces clients originaux, revendeur de tommes et de vacherins, que l'on voyait débarquer tous les dix jours environ à la recherche d'un nouvel assortiment. Alors il prenait toujours le temps de causer, de vous dire par exemple que tel ou tel vin qu'il était allé chercher spécialement en France, était une pure merveille. Le problème était simplement que des grands vins, il y en a des mille et des cents et que ceux que vous avez goûtés et appréciés ne pourront être connus de votre interlocuteur qu'avec une probabilité très moyenne. Il n'en poursuivait pas moins sa conférence sur l'excellence des produits qu'il avait eu la chance de goûter et vous invitait à partager ses connaissances et ses appréciations tandis que vous étiez vous-même à emboîter des vacherins pour d'autres clients.
    Mais Maurice Quillet avait plus d'une corde à son arc. Là-bas, en sa Broye natale, il était aussi fossoyeur! Et à la fin de l'été, il montait à la Vallée pour aller arracher de la racine de gentiane sur les pâturages, une fois au Chalet-Neuf du Crêt à Chatron, une autre fois au Mollendruz, bref, un Jura que pour finir il connaissait mieux que nous.
    Maurice Quillet est maintenant décédé depuis de nombreuses années. Il est évident que la désertion de notre brave canton de personnages de ce type est une perte,  et que de telles figures, on n'en retrouve qu'avec beaucoup de peine, surtout dans un monde du vacherin qui a subi une telle évolution ces vingt-cinq dernières années, que c'est à peine si on le reconnaît encore.