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20. Pour l'entendre sonner, par Mme H. Gailloud, Gazette de Lausanne du 6 juillet 1913.

Publié le 09 janvier 2012 dans Contes et récits de notre pays de Joux

Une huile de Tell Rochat.

    Mme Gailloud n'est autre que Julie Meylan, qui, quelques années après 1913, quitte son mari dont même elle divorce pour renouer avec  son nom de jeune fille. Peut-être aussi en même temps retrouve-t-elle une liberté d'écriture et d'inspiration qu'elle n'avait certainement pas du temps où elle était estampillée "église évangélique réformée du canton de Vaud". 
    Car il faut bien convenir une fois de plus, que Julie Meylan préfère cent fois raconter des histoires de moines que de parler de pasteurs qui, curieusement, jamais n'entrent dans un imaginaire quelconque, comme s'ils n'avaient pas existé ou que leur seule présence était un empêchement majeur  à une quelconque inspiration.
    Les moines de l'Abbaye ou dom Poncet retinrent ainsi de nombreuses fois notre auteur dont l'imagination était débordante. Elle écrivit "ses visions" pour le journal local, plus encore pour des quodidiens romands ou des revues d'obédience religieuse, sans que celles-ci apparemment ne se soient nullement formalisées de sa tendance très mystique qui flirtait volontiers avec la sainte  religion primitive!
    Voici donc une nouvelle fois, ou une première, si l'on tient ce récit pour original, contée l'histoire de la cloche d'argent du monastère de l'abbaye du Lac-de-Joux. Par la sainte vierge, ils arrivent les iconoclastes, et il convient au moins de ne pas laisser entre leurs mains impies la dite cloche que l'on emporte avec soi dans une tentative un peu rocambolesque de fuir par le lac de Joux! L'embarcation l'emportant est mal équilibrée, la cloche passe par dessus bord et s'en va rejoindre  les tréfonds du lac d'où elle ne remontera jamais. Mais chose curieuse, les soirs de printemps ou d'été, quand l'air est calme et que pas une vague ne ride la surface du lac, en tendant quelque peu l'oreille, on l'entend parfois. C'est un tintement très doux, et celui-ci, qui n'est pas sans vous donner une incommensurable émotion, vous raconte avec une discrétion rare, ce que fut la vie de l'établissement d'il y aura bientôt  un demi-millénaire.